La nouvelle année académique est lancée à l'ITCJ. Le programme de la journée incluait deux temps forts : les prises de parole des autorités académiques à l'amphithéâtre, puis la Messe d'Ouverture de l'année dans la Chapelle de l'ITCJ.
Le premier temps fort a commencé par la prière : le Père Reginald Nwakolobi SJ, qui fait partie de la nouvelle équipe enseignant de l'Institut, a demandé à Dieu d'aider la vie intellectuelle de l'ITCJ à contempler Son Visage, et à recevoir de Sa Sagesse la Joie du Christ.
Le Père RABESON Jocelyn a pris la parole ensuite et a inscrit la perspective essentielle de la nouvelle année académique dans la participation au Jubilé ignacien. L'ITCJ aura ainsi à cœur, durant toute cette année académique, de faire la théologie et de prier dans le sens d'une intégration et d'un vécu du discernement ignacien en tant que dynamique Christocentrique qui transforme les personnes de manière inédite et nous apprend à nous ouvrir à notre prochain, surtout le plus vulnérable. Le Père Citant le TRP. Arturo SOSA, le P. RABESON invite tous ceux qui acceptent de vivre cette expérience à prendre le risque de la conversion au Christ.
Le Secrétariat Académique, le P. Aurélien FOLIFACK, SJ a pris la parole par la suite pour faire un bilan de l'année écoulée et indiquer les perspectives pour l'année qui commence. L'année écoulée est surtout marquée par l'incidence de la pandémie du covid-19 sur la vie académique, mais aussi, par les troubles qui ont surgi au moment des élections présidentielles de Côte d'Ivoire. Ces deux éléments de contexte ont souvent conduit à la suspension des cours en présentiel. Mais une prompte réactivité et résilience des corps professoral et enseignant face aux périodes de suspensions des cours en présentiel a conduit à la mise sur pied de cours en ligne.
Le Secrétaire Académique est ensuite passé aux perspectives. Comme première nouveauté, la Faculté accueille cette année des étudiants provenant de deux ordres religieux qui jusqu'ici n'avaient pas envoyés d'étudiants : les Frères du Sacré-Cœur de Jésus et l'Ordre de Saint-Benoît. Ensuite, le Père Secrétaire Académique a exprimé le besoin, pour le Master en Théologie Systématique et Etudes Africaines, de recevoir un financement, car les bourses qui y étaient jusque-là allouées s'épuisent. Sans ce financement, les inscriptions pourraient devenir beaucoup plus payantes, et cela ne serait pas une bonne nouvelle pour les Communautés religieuses. Le Père Secrétaire Académique a aussi rappelé l'importance de faire connaître de manière plus large le Master en Bible, car ce Master, extrêmement actuel dans la théologie contemporaine et Africaine, reste peu connu dans le pays.
Le Secrétaire académique a enfin rappelé et présenté les autres formations de l'ITCJ, notamment l'ECOFORT, la Licence en Théologie Appliquée, et le CODEC (Counselling psychologique). Le Secrétaire académique a terminé en rappelant que la Faculté organise aussi des activités sportives et a invité les étudiants à y participer.
Jean Richard KAZA, Président des étudiants jusqu'à la prochaine élection, a mis son discours sous le signe de l'action de grâce envers Dieu d'abord pour la joie des retrouvailles après les congés. Il a ensuite remarqué que ces retrouvailles heureuses ont lieu dans l'enthousiasme certes pour certains, mais aussi dans l'appréhension pour d'autres. Appréhension en raison des exigences académiques auxquelles il faudra se plier. Toutefois, le plus important dans ces retrouvailles c'est la perspective d'un nouveau commencement, d'une nouveauté à vivre en Dieu. En ce sens, il a lancé le traditionnel "Akwaba !" (Bienvenue) à tous les étudiants et à toute l'assemblée.
La Leçon Inaugurale de l’Année Académique 2021-2022 de l’ITC s’intitule “De la maison de la fête à la maison de deuil : Qohéleth 12,1-8 : un nouveau regard”. Elle a été donnée par le Père Augustin SOME, S.J, nouvel enseignant à la Faculté et chargé des cours d’Hébreu, de Littérature sapientielle et de Méthodologie de l’exégèse biblique. Elle s’est prolongée sur une durée de 40 minutes environ. A travers sa Leçon inaugurale, le Père SOME s’est proposé revisiter toute l’exégèse biblique de Qohéleth (Qoh 12,1-8).
L’entrée en matière de la leçon inaugurale a consisté en un proverbe Dagara qui dit : “Le genoux ne porte pas de chapeau quand la tête est là”. Le Père SOME rendrait hommage à ceux qui l’ont formé et demande de surcroît leur indulgence et leur bénédiction.
Le schéma suivi par l’argumentation a consisté en une brève présentation du passage biblique, qui convie le lecteur à entrer dans un foisonnement d’images saisissantes qui renvoient au cosmos et à la vie sociale, avec un accent mis sur la beauté de ces réalités de la création Divine. Ensuite, le Père a parcouru les principaux auteurs et écoles qui ont proposés des interprétations du passage en étude : 1. l’interprétation physiologiste, qui considère Qoh 12,1-8 comme une allégorie du corps humain ; 2. l’interprétation selon laquelle il s’agirait plutôt d’un commentaire sur la fragilité de la vie humaine ; 3. l’interprétation selon laquelle il s’agirait plutôt d’un discours sur le vieillissement de l’être humain ; 4. l’interprétation selon laquelle Qoh 12,1-8 renvoie plutôt aux modalités du jugement de Dieu sur le monde ; 5. enfin, l’interprétation selon laquelle Qoh 12,1-8 parle de funérailles dans un village.
Dans un troisième temps, le Père SOME a réfuté ces différentes interprétations. Il a surtout réfuté l’interprétation physiologiste en observant que Qoh 12,2 parle d’obscurité, et que cette obscurité déborde largement le simple aspect biologique de l’existence humaine. Dans un quatrième temps, le Père a longuement étudié à nouveaux frais le passage de Qoh 12,1-8. Dans un cinquième temps, le Père a livré les résultats de son étude. Le résultat majeur consiste en la réfutation de la traduction de Qoh 1, 2 en “Tout est vanité”. La traduction la plus pertinente serait plutôt “Tout est transitoire”. C’est le caractère transitoire, ou mieux, “transcient”, des réalités cosmiques et humaines est dépeint par la sagesse du Qohéleth. La section Qoh 12,1-8 vise d’une part à dépeindre de la manière la plus expérientielle et saisissante possible cette transcience, et d’autre part, à distinguer ce caractère transitoire qui marque les créatures du caractère “ulam”, autrement dit stable et pérein, de Dieu seul et de l’agir de Dieu seul. Qoh 12,1-8 nous livre quelque chose du sens de nos vies : nos vies sont désirables et préférables à la mort, mais nous serons toujours dans la contradiction entre le désir de vivre et le caractère transitoire de cette même vie et de ses délices. La brièveté de la vie du fait de son caractère transitoire peut façonner en nous des tendances aux calculs intéressés, par peur et refus de la mort. Or, l’acceptation de la mort fait partie de la sagesse que nous propose Qohéleth. Cette mort n’est pas nécessairement physique, ni même seulement spirituelle, mais plus largement, tout ce qui mortifie nos désirs. En ce sens, Qohéleth nous apprend à supporter les drames de notre vie. Plus que tout, Qohéleth nous apprend que c’est dans la maison de deuil que se trouve la communauté des sages, car eux ils ont compris que la maison de fête est transitoire et qu’il vaut mieux en faire le deuil et apprendre à ceux que ce deuil frappe durement à apaiser leurs douleurs en insérant celles-ci dans des mots et des cantiques.
Le deuxième temps fort de la journée fut la messe d’ouverture présidé par le père Recteur, RABESON Jocelyn, SJ. L’homélie a été prononcée par le Père Rodrigue NAORTANGAR, S.J. Le Père Rodrigue a mis en relation l’ouverture de l’année académique et l’Année ignacienne dont le thème est “Voir toutes choses nouvelles en le Christ”, et à travers le thème : “Soyez enracinés dans le Christ pour vivre en hommes nouveaux”. Il a souligné que la Parole de Dieu est appelée à prendre chair en nous et a ainsi inscrire les vertus théologales dans notre être même. Dans un deuxième temps, le Père Rodrigue a invité les nouveaux étudiants en théologie à se désillusionner au sujet d’une certaine idée de la théologie : l’idée que la théologie ne serait qu’une théo-bigotterie savante mise au service de personnes lyriques. La théologie est une science que Dieu seul enseigne, mais qu’Il enseigne à travers des êtres humains qui font un usage approprié de la raison mais laissent cette raison être fécondée dans ses puissances et en tout respect de ses principes, par la foi qui est un don de Dieu. Il s’agit donc pour les nouveaux étudiants en théologie de faire de la théologie avec sérieux et rigueur mais tout en demeurant des personnes de prière, en proximité avec Dieu dans les sacrements, et qui recevront ainsi la grâce de faire une théologie vraiment enracinée dans le Christ.
Une fois Eucharistie terminé, le père Recteur, au nom du vice-chancelier, le P. Agbonkhianmeghe OROBATOR SJ, a déclaré l’année 2021-2022 ouverte.
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